Les grandes dates de l'histoire ancienne de la Russie

La Russie kievienne

La question de l’origine du premier Etat russe est controversée. Ainsi, la théorie normaniste avance une origine scandinave en s’appuyant notamment sur l’origine scandinave des premiers Princes (Rurik, Sinéus, Truvor). De plus, selon La Chronique de Nestor, la plus ancienne source historique russe, ce sont les Slaves eux-mêmes, incapables de s'unir, qui demandèrent à un chef étranger de les gouverner : « Nos terres sont vastes et riches mais elles ne connaissent pas l'ordre. Venez donc régner et gouverner notre pays… », faisant ainsi du chef normand Rurik le maître de Novgorod, et de son successeur Oleg le prince de Kiev.
Pour l’école soviétique, des éléments significatifs (présence de nombreuses villes, ébauches d'organisations étatiques antérieures sous forme de confédérations de tribus, existence du terme grec Rhos avant l’arrivée des Varègues,...) limitent l’influence scandinave : si l'initiative et le dynamisme de la dynastie de Rurik est indéniable, il semble exister dans le Russie d’alors toutes les conditions d'existence d'un État.

A partir de 880, une nouvelle fédération unifiant plusieurs principautés autour de son centre Kiev et de son Grand Prince et qui comptera à son apogée près de 7 millions d’habitants voit le jour. Bien que peu structurée, cette fédération fut la plus importante de ce type dans l’Europe médiévale.

I - Des migrations à la Russie de Kiev

Au cours du deuxième millénaire avant JC, des peuples indo-européens, ancêtres des Slaves, se sont fixés sur les bassins du Dniepr (région de l'actuelle Ukraine) et de la Vistule (partie de la Pologne actuelle).
Suite aux multiples invasions qui sévirent à partir de l’an 1000 avant J.C avec pour enjeux la maîtrise de la mer noire, les Slaves se dispersèrent : les tribus occidentales deviendront les Moraves, les Polonais, les Tchèques et les Slovaques ; les tribus méridionales les Serbes, les Croates, les Slovènes et les Bulgares. Les tribus orientales gagnant le Nord et les forêts de l’actuelle Russie et qui se dispersèrent sur un territoire appelé Rous (Rus faisant référence à la région de Kiev (rivière Ros)), deviendront les Russes, les Ukrainiens et les Biélorusses.

La période des invasions vit différentes peuplades iraniennes ou turcophones dominer la Russie méridionale avant de disparaître en raison, bien souvent, de la fluidité des organisations nomades :
- les Cimmériens (-1000 à –700),
- les Scythes (-700 à –200),
- les Sarmates (-200 à 200),
- les Goths (200 à 370),
- les Huns d’Attila (400 à 500),
- les Avares (550 à 650),
- les Khazards (VIIième siècle).

Enfin, les Vikings (Varègues en russe), désireux d’assurer une voie commerciale vers le Sud, prirent le contrôle de la Volga en s’installant à Novgorod puis à Kiev.

II - L’essor de la Russie Kievienne

Descendant de Rurick, Oleg (.-913), qui prit Kiev en 882, apparaît comme le premier souverain russe. Son règne fut marqué par une importante expansion visant à protéger les voies fluviales (Novgorod - Kiev).

Après le règne de son père Igor (913-945), et la régence de sa mère Olga (945-962), Sviatoslav (962-972) accède au pouvoir. Commence alors « La Grande Aventure », période de conquêtes militaires qui donna les limites historiques à la Russie de Kiev.

A sa mort (lors d’une embuscade tendue par les Petchenègues), une guerre civile éclate entre ses fils qui voit Vladimir (980-1015) prendre le pouvoir après avoir tué Iaropolk (972-980) qui avait lui-même tué Oleg.

Le règne de St-Vladimir reste avant tout marqué par l’adoption du christianisme en 988. La présence antérieure du christianisme byzantin sur le sol russe partiellement évangélisé par les moines grecs Cyrille et Méthode qui ont introduit l'alphabet grec au IXième siècle a sans doute influencé ce choix. Ainsi Olga, la mère du prince Vladimir, s'était convertie en 957. Bien qu’isolant la Russie (schisme entre l’Eglise de Rome et celle de Constantinople en 1054), le christianisme byzantin, par ses rites plus accessibles, s’implanta rapidement et contribua par la même à l’unification du pays et au développement culturel (premiers écrits).

A sa mort éclate une nouvelle guerre civile entre ses fils : Sviatopolk la Maudit, qui tua Boris et Gleb, fut battu par Iaroslav le Sage (1019-1054).

Ce dernier, tout en poursuivant les conquêtes militaires sur la Pologne et les Petchenègues, assura le développement du christianisme, de la justice (en rédigeant le premier code russe) et de la culture (patronage, fonde une école,…). Parallèlement à ses évolutions internes, la Russie kiévienne développe des rapports commerciaux particulièrement actifs avec Byzance (que la filiation religieuse rapproche), et tisse des liens diplomatiques avec toute l'Europe (une fille de Iaroslav, Anne, a épousé le roi de France Henri Ier (vers 1040)).

III - Le déclin

A la mort de Iaroslav le Sage, de nombreuses guerres civiles éclatèrent entre ses fils. Malgré la période de renouveau sous le règne de Vladimir Monomaque (1113-1125) et de ses fils Mstislav (1125-1132) et Iarkopolk (1132-1139) qui surent maintenir les frontières faces aux Bulgares, aux Polonais et aux Hongrois, la Russie kiévienne disparaît lorsque l’un des prétendants au trône, le prince Bogolioubski, pilla Kiev en 1169 et transféra la capital à la ville de Vladimir, dans le Nord.

Les causes du déclin de la ville de Kiev sont multiples. La fédération russe était fragile, la Russie kiévienne n’étant qu’un vaste conglomérat de villes puissantes (le prince devait coopérer avec les puissantes institutions locales qu’étaient la douma et le vétché), distantes les unes des autres et soumises aux luttes des héritages. Par ailleurs, la rôle commercial de cette région déclina progressivement au XIième siècle fragilisant d’autant la cohésion de cette fédération. Enfin, l’instabilité des régions du Sud-Est, cibles des invasion mongoles, favorisa la migration des populations vers le Nord et par la même le développement de nouvelles principautés puissantes.

La Russie des apanages (XIIIème - XVième siècle)

Si durant le règne de Kiev il existait déjà de nombreux apanages, ceux-ci devinrent antagonistes lors du déclin de la ville. Cet antagonisme fut attisé par la présence mongole qui entraîna le morcellement du pays en de multiples pôles actifs à la périphérie du Khanat de la Horde d’Or.

Si certaines de ces régions connurent une prospérité éphémère (l’Etat Russo-lituanien à l’Ouest, la Galicie et Volhynie au Sud-Ouest), d’autres, situés plus au Nord, surent tirer avantage de leur éloignement du Khanat de la Horde d’Or et des ennemis européens pour se développer.

I –La Russie et les Mongols

Sous la conduite de Gengis Khan puis de Batou, l’armée mongole, après un premier échec sur la rivière Kalka (1223), prit Vladimir (1223) puis Kiev en 1240. Stoppant l’avancée de ses armées, Batou établit sur la basse Volga un nouvel Etat indépendant : le Khanat de la Horde d’Or. Les principautés russes, divisées, se virent contrainte de reconnaître la domination mongole, l’investiture au poste de Grand Prince étant notamment soumise à l’approbation des Mongols.

En 250 ans de règne, les Mongols ont surtout pénalisé la Russie par les destructions massives, les impôts trop lourds et une régression culturelle, morale et scientifique.

II –Les apanages du Nord et du Nord-Est

Après qu’André Bogolioubski eut pillé Kiev et pris Vladimir pour capitale, le Nord et le Nord-Est connurent une très forte ascension. Cette région, par son éloignement aux Mongols, se développa lentement à l’inverse du morcellement du territoire russe.

A - La république de Novgorod

Lors du déclin de Kiev, cette ville, fondée au VIIIième siècle et comptant près de 30 000 habitants, devint la capitale de la Russie septentrionale.
La république de Novgorod connut son apogée avec Alexandre Nevski. Celui-ci repoussa les Suédois sur la Néva (1240) et les Chevaliers Teutoniques lors de la « bataille des glaces » sur le lac Tchoudes en Estonie (1242). Préférant la négociation et la diplomatie à l’égard de la Horde d’Or, il devint le favori du Khan qui le nomma Grand Prince (1252-1263).

Après son âge d’or durant le XIIième et XIIIième siècle, Novgorod déclina par ses dissensions internes et notamment entre une oligarchie naissante et les pauvres qui se rallieront à Ivan III en 1478.

B - L’ascension de la Moscovie

La dynastie princière proprement moscovite commence avec Daniel au XIIIième siècle. Fils cadet d’Alexandre Nevski et donc sans pouvoir, il décida de développer son apanage le long de l’Oka.

Ses fils Iouri (1303- ?) et Ivan Ier Kalita (1328-1341), puis les fils de celui-ci, Siméon le Fier (1341-1353) et Ivan II le débonnaire (1353-1359), poursuivirent le développement de cet apanage en gardant la haute main sur l’administration et en maintenant de bonnes relations avec la Horde d’Or.

Fils d’Ivan II, Dimitri Donskoï (1359-1389), parvint à écraser Tver mais connut, après plusieurs succès (dont celui de Kolikovo en 1380), un échec face aux Mongols dont il dut reconnaître la suzeraineté. Cette soumission se poursuivit sous le règne de Basile Ier (1389-1425).

Son fils, Basile II l’Aveugle (1425-1462) accède alors au pouvoir. Outre une indépendance de plus en plus grande à l’égard d’une Horde d’Or en pleine explosion, son règne est marqué par le Concile de Florence (1439) qui voit l’Eglise moscovite se détacher de celle de Byzance.

C’est néanmoins sous le règne d’Ivan III (1462-1505) que débuta réellement le « rassemblement du peuple russe. » Pour cela, il acheta, hérita et soumit (Novgorod en 1478, Tver en 1485) de nombreux apanages et écrasa définitivement les Mongols en 1480 : c’est la fin de la Russie des apanages.

Outre l’éloignement aux Mongols, l’ascension de la Moscovie s’explique aussi par l’ascension parallèle de l’influence religieuse de Moscou par (patriarcat) qui favorisa l’implantation de monastères sur les terres nouvellement conquises ; par la présence moindre de la noblesse sur les terres de l’Est et par une lignée limitée évitant d’autant le morcellement de la principauté.

Il convient de souligner l’importance de son mariage avec une princesse byzantine, qui importa avec elle la notion du prestige du souverain.

Notons aussi l’instauration du poméstié, système d’attribution des terres en fonction des services rendus. Si ce système fournit les cadres militaires et administratifs nécessaire à la centralisation du pouvoir, il favorisa aussi l’instauration d’un servage massif, la nouvelle noblesse ne pouvant vivre que par le travail des paysans.

Poursuivant la reconquête des terres russe, Basile III (1505-1533) sut affirmer l’autorité du Prince en écrasant les boyard et les anciennes familles princières.

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