Premier souverain à porter le titre de Tsar, Ivan IV, dit le terrible, accède au trône en 1547, après la régence de sa mère (1533-1538) puis celle la douma des boyards, conseil consultatif qui assure l'autorité suprême lorsque le souverain est absent de Moscou (1538-1547).
Après une première partie de règne favorable aux réformes, son règne bascule à la mort de son épouse (Anastasia Romanov) qu’il soupçonne être due à un empoisonnement.
Méfiant à l’égard des boyards, il instaure alors (1565) un régime de terreur par l’intermédiaire de ses miliciens, les opritchniki.
En matière de politique extérieure, si l’accès à la mer Blanche est perdu, la Moscovie connaît une forte expansion en direction de l’Est et de Sud-Est avec, notamment, la conquête de la Sibérie par le Cosaque Ermak.
La démence est indéniable chez Ivan IV qui alterne des phases d'exaltation ou de sauvagerie (il exerça de ses mains la fonction de bourreau ; en 1581, pris d'un accès de rage, il assomme son fils aîné, Ivan, et le blesse mortellement.) avec des moments de repentir, de prières et de flagellations. En 1575, il couronnera même un Tatar qu'il laissera gouverner durant une année. Néanmoins, son règne despotique et ses pratiques furent nécessaires à l’instauration d’un pouvoir fort à l’encontre de villes et de boyards puissants. Sous ce règne s'élabore ainsi un pouvoir autocratique nouveau, qui jette les bases politiques d'une Russie unifiée et centralisée.
Succédant à Ivan IV, Fiodor 1er (1584-1598), souverain simple d'esprit préoccupé essentiellement de religion, s’appuya totalement sur ses conseillers, dont Boris Godounov. La mort de Fiodor 1er marque la fin de la dynastie de Rurick.
Beau-frère du tsar Fédor Ier, Boris Godounov est alors élu souverain par le zemski sobor. Si son règne (1598-1605) est marqué, en 1589 par l’émancipation du pa-triarcat orthodoxe de Moscou de celui de Constantinople, émancipation faisant de Moscou la « troisième Rome » (c’est au cours du XVIième siècle qu’apparurent les expressions de Sainte Russie, de Sainte Terre Russe) , il est surtout marqué par les famines tragiques de 1601 et de 1603.
Dès lors, la misère des campagnes est propice à l’arrivée, en 1604 du Faux Dimitri, Dimitri étant le fils cadet d'Ivan IV retrouvé mort, et héritier naturel de Fédor Ier . Entraînant à sa suite des paysans et des troupes polonaises, il marche sur Moscou avant de s’installer sur le trône en 1605 à la mort de Boris Godounov.
Il sera renversé par le Prince Chouïski (1606-1610). Celui-ci devra faire à face à l’arrivée d’un second Faux Dimitri en 1608 qui instaura un pouvoir parallèle à Touchino. Outre les luttes internes, le nouveau Tsar dut aussi lutter contre la Pologne et la Suède, qui, profitant de la confusion du pouvoir central, attaquèrent la Russie.
Mais la mort du Faux Dimitri II redonne de la cohésion au peuple. Porté par l’Eglise, ce renouveau du sentiment national se concrétisa par la mise sur pied en 1611 puis 1612 d’armées nationales. En 1612 Moscou est reprise aux polonais et Michel Romanov est élu Tsar en 1613.
S’appuyant sur la douma, le zemski sobor et sur son père alors métropolite, Michel Romanov (1613-1645) parvint à rétablir l’autorité interne. L’économie, ravagée par les temps des troubles et en retard sur celle des puissances européennes, fut maintenue par des impôts draconiens. C’est ce qui occasionna, lors du règne d’Alexis le Très Doux (1645-1676), de grands mouvements de révolte populaires dont celui mené par Stenka Razine en 1670. Son règne sera aussi marqué par le schisme (raskol) de 1667 lié aux réformes du patriarche Nicon souhaitant rétablir une traduction plus juste du livre Saint, traduction à laquelle s’opposeront les vieux croyants.
Son fils, issu de son premier mariage avec Marie Miloslavskaïa (au grand dam de la famille de sa seconde épouse Nathalie Narychkina qui a présenté son fils Pierre comme candidat au trône), Fédor III (1676-1682) devient tsar. Souffreteux, il meurt en 1682. Durant son règne, il a cherché à atténuer les privilèges de la noblesse et pour cela, il a supprimé le Mestnitchestvo système qui réservait les fonctions étatiques aux nobles en fonction de leur importance.
A l’équilibre précaire interne, les premiers Romanov doivent aussi faire face à une situation extérieure fragile, la Russie devant accepter des paix défavorables avec la Pologne et la Suède.
Seul point positif, le rattachement de l’Est de l’Ukraine à la Russie en 1667, les Cosaques Zaporogues, en opposition à l’occupation polonaise, se ralliant au Tsar.
A l’est, la Russie poursuit son développement qui plaça sous l’autorité du Tsar non seulement les anciennes régions russes, mais encore des territoires riches en matières premières (fourrures).
