L’Europe est sous tutelle américaine et otanienne, elle ne voit la Russie qu’à travers des stéréotypes et la considère comme son ennemie. Dans ce contexte, Moscou n’a aucune envie de se tourner vers l’Europe. Elle en a besoin, mais dans le cadre de partenariats constructifs. Aujourd’hui, sa seule porte d’entrée est la France, avec laquelle elle ne veut pas rompre les liens.
Pour la Russie, la France est d’abord un mythe, qui s’est instauré tout au long du XIXe siècle et au début du XXe. L’aristocratie russe parlait français ; puis il y a eu l’alliance franco-russe à la veille de la Première Guerre mondiale. Au début du XXe siècle, nombre de Français vivaient en Russie. La France avait l’image d’un pays de culture.
Par ailleurs, les deux pays étaient ensemble dans des moments difficiles. En 1935, l’URSS a signé un seul traité d’alliance avec une puissance étrangère : la France. La présence des pilotes français du régiment Normandie-Niemen à Moscou a marqué la mémoire des Russes. Cet attachement ne se dément pas, aujourd’hui encore.
Dans le cadre de la détérioriation des relations entre l'Union européenne et la Russie, des forces d’extrême droite, venues de France et de l’ensemble de l’Europe, ont rempli ce vide. Elles ont envoyé leurs représentants à Moscou, dans le Donbass et en Crimée, leur objectif étant de se légitimer sur le plan international, en apparaissant aux côtés d’un grand pays comme la Russie. Du fait de la rupture des liens sur le plan gouvernemental et de la mise en place des sanctions économiques, ces personnes ont été, pendant de longs mois, les seuls interlocuteurs que Moscou pouvait avoir à l’étranger. Les résultats sont destructeurs, pour les intérêts français et russes.