En 1908, face à l’hégémonie de Pathé, un producteur russe Drankov décide de lutter contre la main mise française et commence à produire des films russes. Ce sera essentiellement des histoires sur des personnages populaires ou des sujets historiques. L’autre courant qui se développe à la même période et qui est illustré par des cinéastes tels que Tchardinine, Koutznetsov, Hauser et Geo Bauer, reprend les grandes œuvres de Tolstoï, Dostoievski et Gogol qu’il transpose à l’écran.
Lorsque la révolution éclate, beaucoup de ces cinéastes fuient la Russie et se retrouvent à Paris. On peut dater la naissance du cinéma Soviétique au 27 Août 1919, date à laquelle Lénine érige un décret nationalisant l’ancien cinéma tsariste. Pendant la révolution, Koulechov, Vertov et Tissé, qui seront plus tard les fers de lance du cinéma russe, tournaient des actualités sur le front.
En 1922, la paix revenue, le cinéma intéresse Lénine " le cinéma, de tous les Arts, pour nous le plus important ". Les studios ouvrent à nouveau leur porte et le cinéma russe, avec l’aide du gouvernement, se lance dans toute une série d’expérimentation qui marquera l’histoire du cinéma à tout jamais.
Koulechov, dans son laboratoire, analysera les différentes utilisations du montage dont l’une est restée célèbre.
Mosjoukine, depuis les débuts du cinéma russe était le jeune premier idéal avant que des revers de fortune ne l’exilent en France puis le fasse retourner en Russie. Il avait acquis une telle force et une telle aura que Koulechov l’utilisa comme " mètre étalon " pour ses expériences. Il utilisa trois images du visage de l’acteur à qui il avait demandé d’être impassible. Ensuite, il intercala un cercueil, le visage impassible de l’acteur, un enfant, le visage impassible de l’acteur, une assiette de soupe, le visage impassible de l’acteur. Lorsqu’il projeta ensuite ce film aux spectateurs, tous admirèrent le travail d’acteur du Mosjoukine qui traduisait si bien la peur, la tendresse paternelle et la faim.
Koulechov avait démontré qu’une image plus une autre faisaient bien, non pas deux images, mais une troisième issue des impressions des deux " mères ". Par ailleurs, Koulechov, inspiré par l’autre domaine d’expérimentation de prédilection des russes, le théâtre, sera influencé par Maïakovski et ses recherches sur le jeu expressionniste des acteurs.
Ce même Maïakovski confiera la revue Lef à un jeune metteur en scène, Eisenstein qui lui même a été influencé par un autre grand nom du théâtre expérimental : Meyerhold. Eisenstein a su développer et découvrir les techniques du cinéma moderne. Alors que jusqu’alors, le cinéma n’était pour beaucoup que du théâtre filmé (point de vue central, frontal, pas de mouvement de caméra, jeu hyper expressif et outrancier des acteurs), Eisenstein a développé le montage et, comme Griffith aux USA, il a utilisé toutes les données propres à cet art (grosseur de plan, montage, trucage, mouvement et position de caméra). Il parlait ainsi du montage des attractions, en prenant ce terme d’une manière philosophique. Il s’agissait pour lui d’imposer au spectateur une sensation violente. (par exemple dans Potemkine le lorgnon ou les gros plan dans l’escalier avec le landau ou l’œil crevé). A l’inverse du cinéma-œil de Vertov, Eisenstein reproduit l’instantané.
Cette fabrique de l’acteur excentrique, à l’inverse d’un Vertov, va jouer sur le factice, le faux, l’art pour l’art et tout ses artifices. Ils utiliseront les parades, le cirque et pousseront le jeu dans toutes les outrances possibles. Ils expérimenteront également les techniques diverses de trucages.
Vertov est important dans la mesure où il bannit toute utilisation du studio, des éclairages et des acteurs professionnels ; tous procédés jugés selon lui " bourgeois ". Il va être un des tous premier à filmer des actualités : Kino Nediela et, au travers de la revue Kino Pravda, à développer des théories sur le montage. Ses expérimentations donneront une impulsion importante aux documentaires qui restera longtemps le genre Russe par excellence. Par ailleurs, Vertov voulait saisir le réel dans sa fulgurance. Si ses théories tenaient sur le papier, il n’en était pas de même sur le terrain. Une matériel trop lourd, trop encombrant mais également trop fragile l’empêchait de glisser sa caméra partout où il souhaitait saisir la vie. Il faudra attendre les années soixante pour voir le progrès technique permettre l’éclosion du cinéma vérité, invention de Vertov vingt ans auparavant. Par ailleurs, toujours dans cette mouvance, la monteuse Esther Choub développera également la pratique du montage en combinant l’énorme stock d’images puisées à la fois dans les actualités tsaristes et révolutionnaires.
Les quatre grands maîtres du Cinéma Russe sont Vertov, Eisenstein, Dovjenko & Poudovkine
Dovjenko est considéré, en tant que cinéaste, comme un véritable poète épique. En effet, ses films sont des chants lyriques consacrés à son Ukraine natale. Il a d’abord été peintre puis écrivain avant de se tourner vers le cinéma vers trente ans. Zvenigora, " la terre " son chef d’œuvre enthousiasme Poudovkine et Eisenstein. Dans ce film, il part de l’homme pour atteindre à l’universel de l’humaine condition. La terre regroupe en elle les trois noyaux de toute vie : amour, mort et nature. Il utilise des leitmotiv lyriques : terre labourée, blé mouvant au soleil pour faire sentir ce principe de vie qui est la base de son œuvre.
POUDOVKINE va se spécialiser dans un cinéma romanesque psychologique et social. Chacun de ses personnages, comme pour Balzac, reprendra un type facilement reconnaissable dans la société de son temps. Ainsi de ses trois plus grands films et de leurs personnages principaux :
La mère | Vieille ouvrière |
La fin de St Pétersbourg | Jeune paysan devenu soldat |
Tempête sur l’Asie | Nomade asiatique |
Le montage, pour lui, est important dans la mesure où il réalise que l’espace temps est modulable. Le temps du film n’est pas le temps de l’action. L’intervalle qui en résulte est, pour Poudovkine, là où réside la création. Le cinéma n’est pas une copie du réel mais sa représentation d’où l’importance du montage qui, seul, permet une re - création. Si on ne peut ignorer son influence, il est étonnant de constater que Poudovkine ratera son entrée dans le parlant. Il sacrifiera, ensuite, à la mode des sujets historiques (Souvarov). Il faudra attendre 1953, peu de temps avant sa mort, pour qu’il fasse montre, une dernière fois, toute la maîtrise de son talent dans La Moisson.
Né en 1896, Dziga Vertov s'est distingué par son approche avant-gardiste du cinéma. Ses films, souvent expérimentaux, cherchaient à capturer la réalité brute. Son œuvre la plus célèbre, "L'Homme à la caméra" (1929), est un montage audacieux et vivant de la vie urbaine à Kiev. Sans acteurs, sans scénario et sans décors, Vertov réussit à créer une symphonie visuelle qui reste influente à ce jour.
Sergueï Eisenstein, souvent considéré comme le père du montage cinématographique, a apporté une contribution inestimable à l'art du film. Né en 1898, il a utilisé le cinéma comme moyen d'exprimer des idées complexes et de susciter des émotions profondes. Son film "Le cuirassé Potemkine" (1925) est souvent cité comme l'un des plus grands films de tous les temps. Avec ses séquences mémorables, comme la scène du massacre sur les marches d'Odessa, Eisenstein a démontré le pouvoir du montage pour évoquer une réaction émotionnelle intense chez le spectateur.
L'époque 1960-1970 est marquée par la prise en compte analytique et réaliste du présent (lignée Panfilov) et le désir de retrouver les liens profonds unissant passé et présent (Kontchalovsky et Mikhalkov).
Né en 1932, Andréï Tarkovski est souvent considéré comme le poète du cinéma russe. Ses films, imprégnés de spiritualité et de questions métaphysiques, ont une beauté visuelle captivante. Des œuvres comme "Stalker" (1979) ou "Solaris" (1972) se distinguent par leur capacité à sonder la condition humaine avec une profondeur rarement vue au cinéma. Tarkovski a su mêler le réalisme à la poésie, créant des images cinématographiques qui transcendent le temps et l'espace.
Né en 1937, issu de l’intelligentsia Russe, Andréï MIKHALKOV-KONCHALOVSKI a collaboré au scénario d’Andréï Roublev. Il connaît une renommée Internationale avec Le Premier Maître, le Bonheur d’Assia, Sibériade. Aux Etats Unis, il réalise, sous le seul nom de Konchalovski Maria’s Lovers, Runaway Train.
Nikita MIKHALKOV est le demi frère d’Andréï Konchalovski. Il a débuté sa carrière en tant qu’acteur. Il a d’ailleurs été un jeune premier très demandé et très célèbre.
1975 : Esclaves de l’amour
1976 : Partition inachevée pour piano mécanique
1978 : Cinq soirées
1981 : La parentèle
1983 : Sans témoins
1987 : Les yeux noirs
1992 : Soleil trompeur
1994 : Anna.
Mark DONSKOI :
Aleksander DOVJENKO :
FEKS :
Andreï KONTCHALOVSKI :
Lev KOULECHOV :
Aleksandr MEDVEDKIN :
Ivan MOSJOUKINE :
Sergueï PARADJANOV :
Vsevolod PUDOVSKIN :
Mikhaïl ROMM :
Viktor SHKLOWSKI :
Alexandre SOKOUROV :
Sergueï YOUKEVITCH :